Sébastien Camboulive
Contiguïté –
Née d’une sélection formelle opérée dans un ensemble de magazines d’actualité des années 1940-60, la série Contiguïté de Sébastien Camboulive est à la fois le sujet d’une transmission et d’un mouvement d’appropriation.
Par le déploiement de motifs issus d’un même corpus, elle s’inscrit pleinement dans son œuvre sérielle, et dans le renouvellement constant de son vocabulaire visuel. Des centaines d’exemplaires de parutions retrouvés dans un grenier qu’il fallait vider, Sébastien Camboulive a retenu 200 images, qu’il a parfois retravaillées et recadrées.
Séduit par leur intérêt formel immédiat, il compose alors un corpus d’images singulières, évocatrices d’un temps passé mais libérées de leur mission originelle d’information et d’illustration.
L’appropriation de documents existants, inédite dans l’œuvre de Sébastien Camboulive, constitue une forme d’écologie iconographique dans un contexte de saturation d’images, mais aussi une déconstruction des procédés photographiques classiques. Sébastien Camboulive extrait l’image hors de son médium, de son contexte historique et de son sens originel pour n’en garder qu’une forme nébuleuse placée dans un ensemble énigmatique.
Caractéristique de son œuvre, le doute était déjà présent dans la série Visages, où les identités individuelles semblaient imperceptiblement absorbées par le collectif, mais également dans l’assemblage fictionnel d’instants réels de La limite pluie-neige.
Dans Contiguïté, les images projetées hors de leur temps sont autant de fragments qui révèlent les tourments contemporains.