Maud Faivre

D’après nature

Dans une approche pédestre de la photographie, l’artiste utilise une chambre photographique 4×5 inch, elle lui a permis une approche particulière de ce territoire, toute en douceur et intimité, qu’elle présente dans des tirages de grands formats.

« On parlait de la forêt. Cette forêt n’était pas comme les autres. Elle offrait un aspect pittoresque, singulier, voire exotique, mais en tout cas lugubre. Elle regorgeait d’une sorte de lichen moussu, elle en était toute tapissée, tout enveloppée ; en longues barbes incolores, le tissu feutré de la branche parasite pendait, de branches capitonnées et enserrées dans ce réseau, on ne voyait presque plus les aiguilles, on ne voyait que des guirlandes de mousse, et cela défigurait pesamment et bizarrement la forêt qui offrait un aspect maladif et enchanté.
La forêt ne se portait pas bien, elle souffrait d’une rogne luxuriante, qui menaçait de l’étouffer, telle était l’opinion générale, tandis que la petite troupe avançait sur le sentier couvert d’aiguilles, ayant dans l’oreille le bruit de la cascade dont on s’appro-chait, ce vacarme et ce sifflement qui devenait peu à peu un véritable fracas […] »

Thomas Mann, La Montagne Magique