Benjamin Teissèdre

Days of grey

L’Islande, ce n’est pas un hasard si Benjamin Teissèdre y a mis les pieds, sans y poser son « pied photo » : Road trip=mouvement.
C’est un choix instinctif, une quête sensible pour trouver des paysages à l ‘image de ceux, intérieurs, qui le gouvernent : oxymore, mélancolie, goût pour le « soleil noir » de Nerval, tremblement de terre, volcans.
« On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux », dit le Petit Prince. Voilà ce que tout bon photographe se doit de comprendre, car il n’est pas question d’objectivité sous prétexte que l’on a un objectif vissé sur son appareil, mais plutôt de saisir au vol les « splendeurs invisibles » de notre monde.
Et Benjamin Teissèdre d’écrire « on ne photographie bien que ce(ux) qu’on aime. A l’instinct, à l’intuition(…)la technique fait place à la sensibilité , l’effet à la simplicité ».
Photographier, c’est comme respirer, ça ne se réfléchit pas, ça se fait. Enfin…tout le monde sait que la simplicité vient d’un grand travail, qui faisait dire à Picasso « J’ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant ». Simplicité n’est pas simplisme.

Seul souvent, sous le vent, je me déhanche, l’amour en bandoulière

Un oeil dans un arbre, un chien sur la plage de galets, un tapis
Une seule chose à la fois
Je sors mon appareil, comme on sort son chien pour pisser,
Quand la nuit rend aux corps sa part d’ombre, crépusculaire
Quand les pensées quittent leur cage
Dans le blanc, nu, au bas de la page
Dans le gris
Dans le silence des jours ordinaires
La vie sans la vie
Lumière sans lumière
Pour la peau, le talc, l’écorce du monde où bat ton cœur

Benjamin Teissèdre